Le marché du e-commerce sera le terrain de jeu de notre premier épisode comparant l’écosystème digital de l’empire du milieu et celui de l’oncle Sam. On parle beaucoup des G.A.F.A mais beaucoup moins des B.A.T.X (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi), voici l’occasion d’en savoir davantage.
Alibaba VS Amazon : les chiffres clés de ces géants du e-commerce
Notre premier round oppose Alibaba à Amazon. De nombreux médias ont relayé récemment le super event du 11/11 ‘Single’s Day’ organisé par Alibaba, beaucoup ont été surpris par l’ampleur de l’événement : le concept repose sur une opération coup de poing d’une journée de promotion sur les produits vendus via les plateformes du groupe chinois. Les chiffres de cette opération donnent le vertige, 17.78 milliards $ de chiffres d’affaires sachant que le premier milliard a été atteint en 5 minutes !
En matière de chiffres, Alibaba se rapproche à grands pas de la firme de Jeff Bezos, une capitalisation boursière moindre (207 contre 315 milliards €), un chiffres d’affaires encore trop faible (4,5 contre 30 milliards €) mais une rentabilité et une croissance bien supérieure comparée à Amazon.
Des Business models e-commerce différents
Les deux géants de l’e-commerce reposent sur deux modèles différents, l’un (Amazon) vend et expédie lui même la majorité des produits qu’il référence et l’autre (Alibaba) se contente de mettre à disposition ses plateformes afin que vendeurs et acheteurs se rencontrent. La marketplace chinoise se décline en trois pans, Taobao pour la vente entre particulier, Tmall pour le BtoC et Alibaba pour le commerce en gros (BtoB). Nous pouvons également y ajouter le nouveau venu, Alitrip, spécialisé dans le tourisme.
Par conséquence, en matière de logistique, Amazon a beaucoup plus de contraintes de stockage, d’approvisionnement que son concurrent asiatique. Si l’on ajoute à cela les investissements consentis pour le développement de ses propres produits (liseuses Kindle, tablettes et smartphones) cela se ressent directement sur le volume de salariés et sur la rentabilité.
Stratégie de monétisation et diversification d’activités
Pour simplifier nous pourrions dire qu’Alibaba vend de la publicité et Amazon vend de la marchandise et des services.
La vente de marchandises compte pour 3/4 des revenus de la firme Américaine, le reste de l’activité est occupé par les nombreux services proposés aux particuliers et aux professionnels. Pour rester sur la branche e-commerce, il existe le service payant Amazon Prime et également les ventes commissionnées via la marketplace. Amazon a également su tirer profit de sa maîtrise technologique et logistique pour monter des services de cloud computing et de supply chain.
Dans le cas d’Alibaba, ses plateformes e-commerce sont gratuites (sans commission), elle tire donc en grande majorité ses revenus des publicités diffusées sur ses pages. Mention spéciale pour les performances de ventes sur mobile qui ont permis de générer 2 milliards sur le premier trimestre 2016.
A l’image d’Amazon, notons qu’Alibaba a toujours cherché à élargir ses activités, le mastondonte chinois est positionné depuis 2004 sur des solutions de paiement en ligne (Alipay), des services (cloud, marketing) et plus récemment, dans diverses plateformes web et applications mobiles.
Faire du e-commerce partout dans le monde
Voici l’ambition clairement affichée d’Alibaba, pour le moment en situation de monopole sur son marché domestique avec 80% de part de marché ! Le groupe ne compte pas en rester là et lorgne sur les marchés européen et américain. De son côté, Amazon est bien implanté sur son marché domestique avec 30% de part de marché, il dispose également d’une aura et d’une situation confortable en Europe et sur le continent américain.
Il semble compliqué pour l’un, comme pour l’autre d’investir le marché domestique de son concurrent, cependant le monde est vaste et rempli d’opportunités.
Jeff Bezos (CEO d’Amazon) parie depuis plusieurs années sur l’Inde, plus forte croissance mondiale, anglophone de surcroît, avec 1,25 milliard d’habitants, pardon, de consommateurs ! Pour lui, l’Inde, d’ici une décennie sera le deuxième marché mondial du groupe américain. Du côté d’Alibaba, l’ambition est de se développer mondialement, pour l’instant de petits bureaux voient le jour en Europe (Londres, Paris). Le groupe opère son positionnement mondial en grande partie via le rachat de sociétés e-commerce à l’extérieur de son territoire.
Le combat est loin d’être terminé, les stratégies de développement à l’international et de diversification vont bon train d’un côté, comme de l’autre. Bref, Jeff Bezos et Jack Ma n’ont pas fini de se renvoyer la balle … affaire à suivre !
